EUR ING Jean-Michel Lee-Shim
BSc MSc CEng MIET ( UK )

LA VOIE DU DESTIN

Jean-Michel Lee Shim est le membre fondateur de Solidarité Marye Pike (SMP), une ONG enregistrée, et de JMLS Cancer Support Limited (JMLS), organisation à but non lucratif. Souvent cité dans les journaux, tantôt dans le milieu du jeu et tantôt comme l’ami des pauvres, qui est vraiment Jean-Michel Lee Shim ? Il est connu comme étant quelqu’un de brillant et qui a connu un parcours exceptionnel dans le monde des affaires. Ses compétences, sa rigueur professionnelle et son sens du devoir l’ont aussi conduit en 2006, sous le gouvernement du Ptr dirigé par le Dr Navin Ramgoolam, aux fonctions de Gouverneur de l’Université de Technologie et au poste de Directeur du Board Of Investement, toujours sous le règne du Ptr du Dr Ramgoolam en 2010. Qui est cet homme, qui à travers ses actions apolitiques, redonne espoir à des centaines de familles vivant dans la pauvreté, l’insécurité et la promiscuité à travers le pays ?

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Sa « success story » n’est pas venue frapper à sa porte. C’est lui qui est allé la chercher à travers ses sacrifices, et aussi ceux endurés par ses parents. Son histoire, c’est celle d’un jeune Port-Louisien du Ward IV qui a grimpé les échelons sociaux après avoir démarré au plus bas de l’échelle.
Né le 13 octobre 1954 à l’hôpital civil (aujourd’hui hôpital Dr. Jeetoo) de Port-Louis, Jean-Michel grandit dans un milieu modeste. Ses parents habitent une maison en tôle dans une cour, où sortira des terres un peu plus tard l’école du Champ de Lort, connue aujourd’hui comme le Raoul Rivet Government School. C’est dans cette cour, abritant des dizaines de locataires, que le célèbre Nanard est arrêté par la police.

Quelques années plus tard, Jean-Michel et ses parents déménagent et vont s’installer quelques 200 mètres plus loin, au coin des rues d’Artois et Decourcy. Là où Jean-Michel et ses parents assistent impuissants en 1960 à la destruction de leur maison en tôle lors du passage du cyclone Carol. Ils trouvent refuge dans le magasin de sa sœur, connu comme «La boutique Franco ».
Son enfance malheureuse connaîtra une première grosse secousse familiale à l’âge de 8 ans lorsque son père est atteint de la tuberculose. En raison des effets contagieux de cette grave maladie, son père est mis en isolation à Pointe aux Cannoniers, qui abrite aujourd’hui des hôtels 5 étoiles. Accompagné de sa mère, il lui rend visite par autobus une fois chaque 15 jours car les conditions de cette isolation sont très strictes. Pas plus qu’une visite en 15 jours.

Comme un malheur ne vient jamais seul, son père est plus tard atteint d’un cancer du poumon. Un autre coup dur pour les Lee Shim. A 11 ans seulement, Jean-Michel pleure la disparition de son père, qui succombe à cette longue bataille contre la tuberculose et le cancer du poumon.
Jean-Michel connaît très vite les tristes réalités de la vie, mais apprend tout aussi vite à se forger un caractère d’acier, ajouté à ses qualités intellectuelles. Commence alors son parcours de combattant. Un parcours atypique.

Après Miss Beda, qui l’initie à ses premiers pas académiques, il fréquente l’école primaire de Champ de Lort avant d’intégrer le Collège Bhujoharry. Il passe son enfance et son adolescence à Ward lV, région très connue de Port-Louis.
Le destin ne lui ayant pas garanti une vie dorée, Jean-Michel doit jongler entre études et son rôle d’apprenti-confectionneur des sacs en papier aux côtés de sa mère.
Sa mission première pendant ses heures libres : faire le tour des sites de construction les soirs et s’approprier des pochettes de ciment jetées à même le sol parmi d’autres débris. Et afin de ne pas incommoder le voisinage, c’est dans la tranchée de la Montagne des Signaux à côté du monument de Marie Reine de la Paix qu’il ira vider les pochettes de ciment du reste de leur contenu, qui sera vendu à 5 sous le demi-kilo aux quincailleries de la capitale.

Les pochettes, une fois débarrassées de toute trace de ciment, seront transformées en sacs que Jean-Michel transporte à vélo pour les mettre en vente au « bazar » de Port-Louis.
Sa mère, face à la dureté de la vie, ne se contente pas uniquement de ce que leur rapporte la vente des sacs en papier, mais elle se fait également embaucher dans une usine pour un salaire qui s’élève à Rs 2 quotidiennement. Pour elle, la scolarité de Jean-Michel n’a pas de prix. Toutes les opportunités sont saisies à deux mains pour que le petit Jean-Michel puisse poursuivre ses études.

Après le secondaire, Jean-Michel découvre le monde du travail. Il est embauché comme représentant des ventes de produits pharmaceutiques. Quelque temps après, il épouse Jacqueline qu’il avait connue alors que celle-ci fréquentait le Collège London, situé à China Town. Le couple s’envole alors pour le Royaume-Uni, où Jean-Michel poursuit ses études universitaires, mais entame aussi une formation d’ingénieur.
Son diplôme en poche, Jean-Michel se voit proposer un emploi sur le chantier naval de Penang en Malaisie. Il refuse, car il préfère rentrer à Maurice pour être au chevet de sa mère malade. Trois ans plus tard, cette dernière s’éteint. Nous sommes en 1987. Jean-Michel et Jacqueline ont trois enfants : Kate, Kenny et Kris. La famille s’installe à Beau-Bassin.


Mais en 2012, le couple décide de regagner le Royaume-Uni devant le refus de ses enfants de venir s’installer à Maurice après leurs études universitaires. Cette décision de Jean-Michel et de son épouse, est motivée par l’envie d’être proches des enfants, de les voir s’épanouir dans leurs environnements professionnels, mais aussi pour les soutenir. Rien n’est plus important que le soutien et l’amour parentaux. Jean-Michel en connaît l’importance, puisqu’il sait comment sa mère l’a aidé, contre vents et marrées, à devenir ce qu’il est aujourd’hui : un homme d’affaires respecté et respectable que ce soit au Royaume-Uni ou à Maurice.
Il connaîtra en 2013 des moments difficiles, choqué par des allégations fausses et grotesques contre sa personne. Des allégations faites à Maurice, et qui débouchent sur son arrestation par la police métropolitaine de Londres.


Mais ce caractère d’acier, dont il s’est forgé pendant son enfance malheureuse à Port-Louis, l’aide à surmonter cet obstacle. Choqué par la gravité des allégations, mais aussi par la bassesse de celles-ci, Jean-Michel ne se laisse pas faire. Avec le soutien de sa famille, il part en guerre. L’objectif : faire éclater la vérité et protéger sa réputation.
Il mène alors une bataille acharnée et remporte une victoire historique contre Yahoo aux États-Unis. Ses actions légales, aux termes de la législation américaine, contraignent Yahoo à divulguer le contenu de son compte de messagerie à la police métropolitaine de Londres. A la suite de quoi, aucune action n’est donnée à cette affaire.


Une affaire qui malheureusement aura des répercussions néfastes sur la vie familiale de Jean-Michel. Perturbée moralement par toute cette affaire répercutée dans la presse, son épouse craque. C’est le choc pour Jean-Michel et Jacqueline. Celle-ci apprend, en effet, qu’elle est atteinte d’un cancer du poumon de niveau 4. Débute alors pour Jean-Michel un autre combat auprès de son épouse, qui malheureusement le quitte deux ans plus tard, un 2 mars 2016 alors qu’elle est admise à l’hôpital Royal Marsden de Londres.


C’est un coup dévastateur qui bouleverse la vie de Jean-Michel, entraînant même une calcification rapide du cœur. Il frôle la mort en août 2016 et subit le 22 du même mois un double pontage.
Dans ces moments difficiles, Jean-Michel se rend compte à quel point la vie est fragile. Il a vu partir son père à un très jeune âge. Puis sa mère. Et son épouse en 2016.
Anéanti, il se remet graduellement au fil du temps mais plus rien n’est comme avant. Il en tire de grandes leçons, mais plus important, Jean-Michel s’attelle à donner une nouvelle signification à la vie. A sa vie. Mais aussi à celle des autres. Le décès de Jacqueline doit servir à quelque chose. Pour lui. Mais aussi pour tous.

Jean-Michel prend du temps pour comprendre les raisons qui ont conduit, lui et Jacqueline – alors que cette dernière luttait contre le cancer – dans les sanctuaires du Père Laval à Maurice, de Lourdes en France, de Fatima au Portugal et de Knock en Irlande. Lors de tous ces pèlerinages, ils ont eu l’occasion de discuter de la vie et du temps qu’il leur faudrait pour qu’ils soient à nouveau ensemble lorsque s’éteindra un jour Jacqueline.
Voilà pourquoi Solidarite Marye Pike et JMLSCancer Support ont pris naissance. L’ombre de Jacqueline plane sur ces deux entités. Mais aussi sur chacune des actions de Jean-Michel.


Aujourd’hui, ce dernier ne fait que mettre en œuvre ce que sa regrettée épouse et lui-même avaient prévu ensemble chaque jour pendant les deux années au cours desquelles ils se battaient ensemble, chaque jour, chaque nuit, chaque minute et chaque seconde, contre le cancer.
La séparation a été douloureuse. 45 ans après leur première rencontre en janvier 1971. Pour Jean-Michel, être l’ami des pauvres et de tous ceux atteints du cancer, c’est le plus beau cadeau qu’il puisse offrir à sa bien-aimée Jacqueline qui le suit et le guide de l’au-delà…


Pour Jean-Michel, les enfants défavorisés restent avant tout les enfants du Bon Dieu. Ils ne doivent pas être des exclus de la société. Avec la motivation, l’attention et les ressources adéquates et nécessaires, ces enfants peuvent grandir dans un environnement sain pour que demain ils nous apportent de la fierté. Il suffit aujourd’hui de bien les encadrer. Cette aide si précieuse à leur égard aujourd’hui, ils nous la rendreront demain. C’est eux qui veilleront alors sur nous.


De nombreux enfants provenant des milieux modestes occupent de nos jours des postes importants dans plusieurs secteurs d’activités. Jean-Michel est fier de ce qu’il a fait pour certains d’entre eux et cela ne le rend pas pour autant moins riche. Car au contraire, il est devenu plus rich : une richesse d’amour et d’affection. Sa devise est désormais : bâtissons ensemble une meilleure île Maurice unie dans la diversité.


“Ainsi va la vie. Ma vie. L’important c’est d’aimer. Aimer c’est partager. Et partager c’est donner de l’amour aux autres. Rien, absolument rien, n’est plus important que ça dans la vie”, dit Jean-Michel pour le mot de la fin.